Univers du bricolage Les fournisseurs disent stop !

Alors que la soirée annuelle d’INOHA (ex UNIBAL), l’association qui rassemble les industriels du nouvel habitat, se veut festive et conviviale, le discours de Jean-Eric Riche, son président, a jeté un froid dans l’assistance ! « Anxiété, découragement, désarroi, lassitude, dégradation morale… », les mots sont forts. Le ton est grave. La charge est lourde. Fournisseurs et distributeurs écoutent dans un silence assourdissant. L’assemblée est quelque peu ébranlée par les propos du président.

Le marché, sans être mirobolant, résiste aux crises. La croissance est légèrement positive. Alors, pourquoi une telle charge ? Jean-Eric Riche ne fait que traduire, avec un courage certain, l’inquiétude actuelle des industriels du secteur. Les relations avec les distributeurs se dégradent rapidement. Le partenariat établi au fil des années passe aux oubliettes. Le Code de bonne conduite des relations commerciales, établi en 1993, est remis en cause par certaines enseignes de la distribution.

C’est cette brutalité du changement que le président d’INOHA fustige en rappelant quelques faits. D’abord, la massification des achats en Europe d’un grand groupe de distribution qui a mis en difficulté des industriels, certains ayant même disparu. Ensuite, la volonté d’enseignes de devenir industriels, reléguant les fournisseurs actuels au rang de simples sous-traitants. Enfin, la décision d’une enseigne de remettre en cause le Code de bonnes conduites pour écourter, entre autres, le délai accordé lors d’un déréférencement. Sans jamais être nommés, chacun a reconnu Kingfisher et Leroy Merlin.

Autant de décisions qui n’ont fait qu’accroître la défiance des industriels. Et d’élargir le fossé qui les sépare des distributeurs. « Allons-nous vers des relations où la loi du plus fort sera la règle ? », s’interroge même le président d’INOHA. Et d’indiquer, en guise de réponse, que le point de rupture n’est pas loin ! Avec, en corollaire, une guerre ouverte ? Si l’alerte est donnée, telle n’est pas la volonté d’INOHA.

Ce constat tranchant posé, le président d’INOHA affirme que son organisation souhaite un retour du dialogue et du partage. Il propose la mise en œuvre, début 2020, conjointement avec la FMB (Fédération des magasins de bricolage), d’États généraux de la filière. « Redessinons et réinventons ensemble notre avenir », plaide Jean-Eric Riche. A la distribution de saisir cette main tendue. Mais le veut-elle ? Une situation qui n’est pas sans rappeler ce qui se passe dans l’univers du jardin…